Handicap des tangentes

Un petit détail qui a son importance: lorsque l'on participe à une course mesurée, comme un Marathon, un Semi ou un 10K, il est quasiment impossible d'arriver sur la ligne d'arrivée avec la distance exacte marquée sur sa montre GPS.

Sur le Marathon de Berlin par exemple, j'ai couru 500 mètres de plus, et la semaine dernière sur le 10K de Chevigny, mesuré aussi avec précision car c'était celui des championnats de Bourgogne 2015, j'ai couru presque 200 mètres de plus. 500 mètres à allure marathon, c'est plus de 2 minutes pour moi. Et 200 mètres à allure 10K, c'est 45 secondes.

Ce n'est pas un problème de précision du GPS, mais un problème de tangentes: à moins d'avoir des lunettes avec un viseur laser, il est très difficile de prendre la "tangente parfaite" dans les tournants, pour couper au maximum les courbes et prendre le chemin le plus court.

Même si l'on étudie avec minutie le parcours, on ne va pas bousculer les gens à tout prix pour suivre des lignes parfaites. Il y a aussi le problème de la vélocité: la mesure du parcours est faite avec un vélo en général -- et parfois à pied. Quand il y a des chicanes sur un parcours, la vitesse avec laquelle on court va forcément impacter la trajectoire et la rendre différente de celle utilisée pour la mesure.

Extraite du Règlement FFA:

Le parcours sera mesuré selon la trajectoire la plus courte possible, 
à 30 cm des obstacles, qu'un athlète puisse 
parcourir sur la partie de la route réservée à la compétition.

La longueur du parcours ne doit pas être inférieure à la distance 
annoncée pour l'épreuve. L'imprécision ne doit 
pas dépasser 0,1% (soit 42 m pour un marathon).

Le parcours doit être mesuré selon la méthode de la bicyclette étalonnée 
avec un compteur « Jones » par un officiel  Hors  Stade  pour  toutes  
les  épreuves  se  déroulant  sur  l’une  des  distances  reconnues  au  niveau 
international.

Pendant le Marathon de Berlin, il y avait des traits bleus au sol qui indiquaient justement la trajectoire parfaite - ils sont utilisées par les élites, mais pour les coureurs normaux, impossible de les suivre tout le temps car il y a trop de monde sur le parcours.

Enfin, les ravitos ajoutent aussi quelques mètres à la course.

Handicap des tangentes

Lorsque l'on court après un chrono, il faut se faire une raison et prendre en compte ce handicap qui peut coûter cher. Par exemple, un athlète qui va s'entraîner pour faire 3h au marathon sera extrêment déçu s'il loupe cet objectif d'une minute ou deux alors qu'il avait tenu l'allure cible parfaite pendant toute la course.

3 heures au marathon, c'est un vitesse moyenne de 14.065km/h. Si on ajoute 500 mètres, la vitesse doit passer à 14.232km/h si l'on veut tenir 3h - soit environ 3 secondes de moins par kilomètre.

Sur un 10K qu'on souhaite boucler en 37 minutes, un ajout de 200 mètres fait passer la vitesse de 16.22km/h à 16.53km/h - soit presque 5 secondes de moins par kilomètres.

Ca paraît être une broutille, mais sur un 10K couru sur des zones qui flirtent souvent avec la zone rouge, 5 secondes en moins pour chaque kilomètre est une différence assez conséquente.

En reprenant l'exemple du 10K en 37 minutes, si un athlète s'est entraîné sur piste pendant plusieurs semaines en se basant sur une allure cible de 3'42" - devoir accélérer et tenir pendant la compétition lorsqu'il s'aperçoit d'un décalage entre les bornes kilométriques et la montre est extrêment difficile aussi bien physiquement que mentalement.

Il n'y a donc qu'une seule façon efficace de pallier à ce problème: il faut s'entraîner sur des allures plus rapides et se dire qu'une course est toujours un peu plus longue. Lorsque l'on utilise des plans d'entraînements, il faut donc viser un meilleur temps.

Pour mes allures, je m'ajoute maintenant un handicap de 45 secondes sur 10K, d'une minute trente sur semi et de 3 minutes sur marathon.

Pour battre mon record de 2h58 au marathon, je vais donc tabler sur un entraînement pour 2h55.